Rédigé par 20 h 25 min CDs & DVDs, Critiques

Bowman à son sommet

Dès les années 1980, les critiques musicaux, espèce cruelle et cynique, ont gribouillé des piques acerbes sur le déclin de James Bowman. Pourtant, même déclinant, le légendaire contre-ténor continuait aisément à remonter les bretelles de beaucoup… Pourquoi donc cette méchanceté ? Tout simplement parce que James Bowman était encore plus merveilleux auparavant.

Antonio VIVALDI (1678-1741)

Stabat Mater, Nisi Dominus


James Bowman (contre-ténor)

The Academy of Ancient Music, dir. Christophe Hogwood
Decca, enr. 1976.

[clear]Dès les années 1980, les critiques musicaux, espèce cruelle et cynique, ont gribouillé des piques acerbes sur le déclin de James Bowman. Pourtant, même déclinant, le légendaire contre-ténor continuait aisément à remonter les bretelles de beaucoup… Pourquoi donc cette méchanceté ? Tout simplement parce que James Bowman était encore plus merveilleux auparavant.

Pour s’en rendre compte – jeunes gens – replongeons nous dans cet enregistrement historique d’il y a maintenant 30 ans. Le Stabat Mater et le Nisi Dominus de Vivaldi ne sont pas vraiment des œuvres rares et la discographie croulait déjà sous les microsillons. Aujourd’hui, elle continue d’occuper des Go de vos disques durs.

L’Academy of Ancient Music enveloppe la partition de sa masse tendre et poétique, les cordes sont précises mais suggestives, l’ensemble manque cependant d’italienità. L’AAM a trop longtemps vécu dans la brume de la Tamise pour se projeter Place Saint-Marc…  “Jusque là, pas de quoi devenir hystérique, chérie !” rétorque une jeune nymphette en projetant des ronds de fumée vers le plafond en rajustant son piercing. Et là, soudain, surgit une voix d’une exceptionnelle pureté, d’une transparente légèreté dans les aigus qu’on n’a jamais retrouvé chez un autre artiste (n’en déplaise aux amateurs d’Alfred Deller, René Jacobs, Henri Ledroit ou des “nouveaux” Gerard Lesne, Derek Lee Ragin, David Daniels, Philippe Jaroussky, etc…). Jamais affecté, toujours émouvant, techniquement impeccable, James Bowman déroule ses vocalises avec panache et sans vantardise, sillonne les passages plus lents en s’égarant dans les méandres des ruelles vénitiennes. Son interprétation à la fois intime et très personnelle fera date. Et elle demeure incontournable pour tous les amoureux du Prêtre Roux, et du timbre si spécifique de James Bowman. Du grand art.

 Armance

Technique : AAD mais d’une grande clarté.

Étiquettes : , , , , , , Dernière modification: 17 septembre 2013
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