Rédigé par 19 h 45 min CDs & DVDs, Critiques

Un vrai canon

Avant même la révolution baroque et l’engouement pour ce répertoire, avant l’arrivée des instruments d’époque et le triomphe du clavecin, qu’étaient nos amis devenus ? Eh bien pas grand chose, mais dans cette Bérézina surnageaient Bach, Vivaldi, Haendel, le soi-disant Adagio d’Albinoni (bidouillage d’un musicologue qui n’a que peu à voir avec le style de ce compositeur) et… le Canon de Pachelbel…

Johann PACHELBEL (1653-1706)

Canon & Gigue, œuvres de chambre


London Baroque, dir. Charles Medlam.

75’20, Harmonia Mundi USA, 1995

[clear]Avant même la révolution baroque et l’engouement pour ce répertoire, avant l’arrivée des instruments d’époque et le triomphe du clavecin, qu’étaient nos amis devenus ? Eh bien pas grand chose, mais dans cette Bérézina surnageaient Bach, Vivaldi, Haendel, le soi-disant Adagio d’Albinoni (bidouillage d’un musicologue qui n’a que peu à voir avec le style de ce compositeur) et… le Canon de Pachelbel.

Disons-le tout net, si vos oreilles sont excessivement habituées à Jean-François Paillard et consorts, vous serez perdus. Car ce Canon suivi de sa Gigue (trop souvent omise auparavant) retrouve sous les archets habiles d’Ingrid Seifert ses couleurs baroques qui en font un duel endiablé, dansant et vif, loin de la berceuse molle de votre enfance. Les effectifs étant complètement dégraissés, chaque phrase acquiert un relief nouveau, plus saillant et plus brutal.

En dépit de son titre, le programme du CD est surtout consacré pendant 47 minutes à 6 sonates en trio publiées à Nuremberg en 1695 sous le nom des “Délices Musicales” (sic). On y retrouve une écriture proche de Biber – quoique plus mélodique et plus facile d’approche pour l’auditeur – mêlant contrepoint virtuose et accents populaires, avec deux violons scordatura (accords spécifiques des cordes). Là encore la phalange de Charles Medlam défend le leg de ce compositeur et grand organiste avec brio. Les cordes sont grainées, l’aspect dansant des pièces très bien rendu, et les interprètes font preuve d’enthousiasme, avec des articulations subtiles et dynamiques (sauf dans le fameux Canon joué de manière un peu trop saccadée, rupture avec le passé oblige). Malgré la difficulté technique des morceaux, l’interprétation est fluide et ne sombre jamais dans la surenchère spectaculaire et gratuite. Un enregistrement qui porte bien son nom : un délice musical.

Alexandre Barrère


Technique :
 bon enregistrement assez ample

Étiquettes : , , , Dernière modification: 23 novembre 2020
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