Georg-Frederic HAENDEL (1785-1759)
Mezzo-soprano Opera Arias
[TG name= »Liste des airs »]
Imeneo HWV 41 (1740) : « Sorge nell’alma mia »
Floridante HWV 14 (1721) : « Alma mia »
Arianna in Creta HWV 32 (1734) : « Salda quercia, inerta balza »
Tamerlano HWV 18 (1724) : « Benché mi sprezzi »
Serse HWV 40 (1738) : « Se bramate d’amar chi vi sdegna »
Amadigi di Gaula HWV 11 (1715) : « Pena tiranna »
Arianna in Creta HWV 32 (1734) : « Qual leon che fere irato »
Parnasso in festa HWV 73 (1734) : « Non tardate Fauni ancora »
Agrippina HWV 6 (1709) : « Come nube, che fugge dal vento »
Radamisto HWV 12a (1720) : « Ombra cara »
Orlando HWV 31 (1733) : « Verdi allori »
Parnasso in festa HWV 73 (1734) : « Lunga serie d’alti eroi »
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Max-Emmanuel Cencic (contre-ténor)
Coro della Radiotelevisione Svizzera
Orchestre I Barrochisti
Direction Diego Fasolis
64’03, Virgin, 2010
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Les fidèles internautes de Muse Baroque connaissent assurément le célèbre contre-ténor d’origine autrichienne, qui s’est illustré ces dernières années au disque et à la scène dans de nombreux rôles d’opéras du Cher Saxon. C’est pourtant un Cencic totalement nouveau, ou plutôt avec un timbre renouvelé, qui s’offre à nous dans son dernier enregistrement. D’où la surprise de votre humble serviteur, et disons-le d’emblée, une bien heureuse surprise que notre confrère avait pu récemment goûter en concert à Versailles !
Le soliste nous avait en effet habitué à un timbre diaphane de sopraniste, aux aigus célestes, mais manquant parfois de relief. Sans rien perdre de son agilité, la voix s’est faite un peu plus grave, formidablement enrichie de couleur et d’expressivité, onctueuse dans les ornements, en conservant le bénéfice d’une technique irréprochable. Au plan dramatique enfin, ce timbre s’avère infiniment plus crédible dans les rôles masculins de ce récital (bien que le titre de la pochette se réfère obstinément à des airs de « mezzo-soprano » !).
Avec Diego Fasolis à la tête d’I Barrochisti, l’interprète peut s’appuyer sur un accompagnement riche et dynamique, où les cordes sont toujours promptes à faire écho aux accents du chant. Le choeur opulent de la Radiotélévision Suisse le relaie avec bonheur dans les deux extraits du Parnasso in Festa, où les cuivres brillent également de tout leur éclat.
Dès le premier air (« Sorge nell’alma mia », d’Imeneo), Cencic nous fait entrevoir sa prodigieuse agilité sur les descentes vertigineuses de l’air de Tirinto. Après un prélude scintillant d’I Barrochisti (« Alma mia », extrait de Floridante), il enchaîne sur une douce et tendre expression d’amour au legato impeccable.
Avec un sens consommé des nuances, la voix se fait plus cuivrée pour exprimer la douleur dans Amadigi du Gaula (« Pena tiranna »), et presque noire dans la langueur funèbre d’ « Ombra cara » de Radamisto. Autre facette des possibilités de Cencic dans ce registre, c’est un timbre velouté, toujours appuyé sur un orchestre très présent, qui traduit la douleur du « Benche mi sprezzi » de Tamerlan. Même le bonheur retenu du « Verdi allori » (Orlando) semble teinté d’une pointe de mélancolie…
Les airs d’Ariana in Creta avaient été remaniés par le Cher Saxon pour exploiter au mieux le talent du grand Carestini. Cencic nous chante pour sa part un « Salda quercia » plein de fougue, aux ornements bien ourlés, qui culminent dans un final d’apothéose ! Le « Qual leon » est lui abattu avec panache, jusqu’à sa chute impressionnante.
A côté de ces œuvres peu connues, le célèbre « Se bramate d’amar » de Serse figure au récital. Cencic et Fasolis nous projettent dans un ébouriffant tourbillon, régulièrement ponctué des accords sautillants des cordes.
On peut aussi mentionner le « Come nube » d’Agrippine, où le chanteur semble se jouer des puissants ornements de colorature. Mais le point culminant de cette démonstration très complète réside probalement dans les deux airs du Parnasso in festa, composés pour le grand Carestini. Charmante pastorale truffée d’ornements graciles, le « Non tardate » est servi par un timbre soyeux, à l’effet admirable dans les délicates reprises. Dernier air de l’enregistrement, le « Lunga serie d’alti eroi » éclate dans une pyrotechnie époustouflante, où le soliste le dispute au choeur et à l’orchestre, sorte de concentré des talents entrevus dans les airs précédents.
Une voix bluffante, un orchestre enlevé, un récital à la progression bien construite, presque le bonheur absolu ! A un détail près : pourquoi avoir choisi pour illustrer la pochette de ce CD ce cliché « grand public » d’un Cencic en éphèbe affublé d’une sorte de châle tacheté « léopard », par ailleurs si éloigné de son physique actuel sur scène – au risque donc de troubler les aficionados ? Pourquoi parler de « mezzo-soprano » à propos d’airs chantés par un contre-ténor ? Pourquoi ce nom composé de points lumineux, qui évoque davantage l’Olympia des années 70 que l’univers musical du Cher Saxon ? Heureusement ces fautes de goût incompréhensibles n’altèrent pas le contenu. Le disque est accompagné d’une plaquette, comportant une excellente notice de David Vickers, et le texte des airs. Alors, oubliez la pochette, et à vos platines !
Bruno Maury
Technique : bonne profondeur sonore, richesse instrumentale bien restituée
22 mars 2010, Galerie des Glaces du Château de Versailles : Arie di bravura du castrat Cafarelli, Airs d’opéras de Haendel, Max Emanuel Cencic, I Barocchisti, direction Diego Fasolis
Étiquettes : Bruno Maury, Cencic Max Emanuel, Fasolis Diego, Haendel, I Barocchisti, Muse : or, Virgin Dernière modification: 11 février 2022