Rédigé par 14 h 11 min Causeries

Les 10 bonnes résolutions d’un anti-baroqueux

1/ Arrêter de jouer faux en prétendant qu’il s’agit d’un superbe son grainé d’époque avec des problèmes d’intonation authentiques qui en font toute la saveur d’un whisky 278 ans d’âge. 2/ Ne pas étaler sa science musicologique en jouant sur des violones, des sakbout, des viols de jambes, des luttes, des mini-guitares et autres instruments arriérés alors même que les forces du Progrès et la marche de l’Histoire ont su produire des successeurs aux possibilités infiniment plus audacieuses tel le synthétiseur.

Les 10 bonnes résolutions

d’un anti-baroqueux

Statue de Charles-Louis d'Autriche sur la Heldenplatz à Vienne © Muse Baroque, 2011

Statue de Charles-Louis d’Autriche sur la Heldenplatz à Vienne © Muse Baroque, 2011

1/ Arrêter de jouer faux en prétendant qu’il s’agit d’un superbe son grainé d’époque avec des problèmes d’intonation authentiques qui en font toute la saveur d’un whisky 278 ans d’âge.

 2/ Ne pas étaler sa science musicologique en jouant sur des violones, des sakbout, des viols de jambes, des luttes, des mini-guitares et autres instruments arriérés alors même que les forces du Progrès et la marche de l’Histoire ont su produire des successeurs aux possibilités infiniment plus audacieuses tel le synthétiseur.

 3/ Brûler la collection d’autographes de sa femme, qui collectionne les signatures de chanteurs aphones qui se prennent pour des castrats sans en avoir les moyens, ou plutôt qui possèdent des moyens ce qui n’en fait pas des castrats… enfin… bref, quoi.

 4/ Dire à Giorgio le pizzaiolo d’arrêter de mettre Spinosi, Alessandrini ou Biondi en fond musical dans le restaurant du quartier tandis qu’il cuisine : comme il ne peut s’empêcher de suivre les nuances cyclothymiques des chefs, les plats ne sont qu’à moitié cuits. “O sole mio”, c’est tout aussi méridional, et moins dangereux culinairement parlant. 

 5/ Ne pas chercher à comprendre pourquoi il y a une double numérotation du catalogue de Bach, en BWV et en K, en Schmeider ou Zwang.

Encore de l’esbroufe de chercheurs qui ne savent pas prononcer l’allemand, car il est bien plus trendy en ville de demander à son adorable voisine de concert “Quel K préférez-vous ? Moi je trouve le K 18 tellement chou !” “La K 18 ? Ah, la BWV 163 voulez-vous dire… moui, c’est pas mal, mais je craaaaque pour la 179 !” alors qu’on pourrait écorcher en toute simplicité le “Siehe zu, dass deine Gottesfurcht nicht Heuchelei sei”.

 6/ Assumer son admiration pour des enregistrements prohibés par la nouvelle police de la pensée baroque et que les éditeurs cachent honteusement dans leurs archives. Kirsten Flagstad en Didon en 1952, ça avait quand même de la gueule !

 7/ Pirater le site de Muse Baroque afin de faire tourner en boucle sur la page d’accueil un clip vidéo du regretté M. Jackson, et supplicier les rédacteurs talentueux mais sectaires de cette organisation rétrograde en place publique par l’obligation d’assister sans dormir à l’intégralité du Ring.

 8/ Laisser les enfants à l’école, plutôt que les rafler pour s’époumoner dans des chœurs outre-rhin ou outre-manche aux noms imprononçables, gâchant leur jeunesse par une mortification musicale damnable et justement peu musicale.

 9/ Respecter un instant la partition quand il y en a une. Ou alors refaire sa carrière du côté du jazz, après tout, le saxo, c’est une sacqueboute qui a patiné, n’est-il pas ?

 10/ Etre tout de même ouvert d’esprit et accepter que le clavecin ne soit pas uniquement une sorte de console asymétrique décorée d’un dessus de porte posé en biais.

Conclusion : Si vous souscrivez à ces quelques “bonnes” résolutions, nous vous invitons à prendre la porte ci-dessous (d’ailleurs fort belle puisqu’il s’agit de celle du Temple de Romulus du Forum Romain avec des vantaux et d’admirables colonnes en porphyre du IVème siècle, donc finalement, veuillez la laisser in situ)

Temple de Romulus sur le Forum romain © Muse Baroque, 2009

M.B.

Dernière modification: 24 novembre 2020
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